Collaborer pour innover en Grande Région : l'exemple de la recherche autour du magnétisme

L’étude du magnétisme occupe une place importante dans le paysage scientifique de la Grande Région et de nombreuses coopérations existent déjà entre les différentes universités partenaires afin de mutualiser les connaissances et les compétences. C’est pourquoi le magnétisme fait partie des thématiques abordées dans le domaine-phare de l’UniGR « Science des matériaux et utilisation rationnelle des ressources ».

A ce titre, l’équipe du Professeur Mangin (Département Physique de la Matière et des Matériaux de l'Université de Lorraine) a pu bénéficier du soutien financier de l’UniGR (via un soutien du Conseil Régional de Lorraine en 2016) pour recruter Georgy Kichin, qui effectue un Post-doc à l'Institut Jean Lamour, et réalise des études sur la manipulation de l’aimantation par la lumière sur des couches minces (thin films). Dans son quotidien, Georgy Kichin collabore avec les instituts et laboratoires des universités de Kaiserslautern et de la Sarre, renforçant ainsi les collaborations transfrontalières dans le magnétisme.

Au travers de cette interview, Georgy Kichin et Stéphane Mangin présentent leur domaine de recherche ainsi que les opportunités de coopération qu’offre à la fois le contexte transfrontalier et les cadres offerts par l’Université de la Grande Région. Ils évoquent également les futurs projets qui dynamiseront encore plus le domaine du magnétisme dans la Grande Région.

UniGR : Pouvez-vous vous présenter ?
GEORGY KICHIN :
Je m’appelle Georgy Kichin et je suis post-doctorant en physique. Avant de commencer mes recherches ici, j’ai effectué mon master et ma licence en Russie au Moscow Institute of Physics and Technology. J’ai obtenu mon doctorat en Allemagne à la RWTH (Rheinisch-Westfälische Technische Hochschule) à Aix-la-Chapelle, mais en fait j’ai passé la majorité de mon temps à Jülich, le plus grand centre scientifique d’Allemagne situé entre Aix-la-Chapelle et Cologne. Après, je suis allé aux Pays-Bas où j’ai commencé à travailler sur le magnétisme, puis j’ai continué dans ce domaine.

UniGR :  Pourquoi avoir choisi de venir à l’Université de Lorraine en particulier ?
KICHIN :
Je suis très content d’être venu à l’Institut Jean Lamour (Université de Lorraine) et de faire partie de ce fait du réseau de l’Université de la Grande Région. A la base j’ai commencé mes recherches sur le magnétisme aux Pays-Bas au sein d’un autre groupe de travail, mais finalement ils ont décidé de changer leur domaine de recherche. J’étais très intéressé par ce champ d’étude : la manipulation du magnétisme en lien avec l’optique et j’ai alors cherché une opportunité de continuer ces recherches dans un autre endroit. Peu après, j’ai rencontré Stéphane Mangin à une conférence et il m’a donné l’opportunité de venir ici.
MANGIN : Nous travaillons sur ce domaine avec des personnes de l’Université de Kaiserlautern, parce qu’ils ont développé une réelle expertise sur ce sujet, ainsi qu’avec des personnes de l'Université de la Sarre car ils possèdent un microscope spécial pour observer des choses à une très petite échelle.

UniGR : Votre contrat de post-doc bénéficie du soutien de l’Université de la Grande Région, que pensez-vous de ce regroupement d’universités ?
KICHIN :
Je réalise beaucoup d’expériences, c’est pourquoi je passe la quasi-totalité de mon temps dans mon laboratoire pour ensuite analyser tous ces résultats d’expériences. Mais de temps en temps, nous avons besoin de discuter de certaines expériences. Par exemple, en Allemagne j’ai des contacts avec Philipp Piro, la personne qui occupait mon poste avant moi et qui travaille maintenant à l’Université de Kaiserslautern dans l’équipe du Professeur Hillebrands. Il nous arrive d’organiser des ateliers de travail et des conférences pour nous retrouver tous ensemble, et la proximité géographique est une réelle chance. Le contexte frontalier et l’accompagnement par l’UniGR est donc une bonne chose.

UniGR :  Quelle a été votre expérience pendant votre séjour de recherche en Allemagne (Sarrebruck, Kaiserslautern) ?
KICHIN :
Le groupe de travail auquel j’étais intégré était très international, nous parlions donc anglais la plupart du temps. La langue n’a donc pas été un obstacle, d’autant plus que je parle également assez bien l’allemand. Mais les cultures de travail sont différentes, et c’est très enrichissant de comprendre comment les scientifiques fonctionnent dans leur contexte professionnel et comment ils se comportent en général. Les Allemands par exemple, accordent beaucoup d’importance à « l’Ordnung » (l’ordre), c’est là la plus grande différence que j’ai pu noter. Je recommanderais fortement les expériences internationales aux doctorants et post-doctorants pour cela.

UniGR :  Avez-vous déjà été en contact avec l’Université de Liège et du Luxembourg ?
MANGIN :
C’est quelque chose qui est en discussion, mais Georgy est venu à la base pour travailler principalement à Nancy, et avec nos partenaires allemands. Par la suite, il pourra réaliser d’autres simulations pour ces expériences à Liège et au Luxembourg. Je suis en contact avec ces personnes et l’année prochaine, Georgy pourra, nous l’espérons, commencer à collaborer avec eux. Les discussions et les collaborations avec les groupes de recherche des universités de la Grande Région autour du magnétisme sont toujours très actives, comme le prouve par exemple l’organisation d’une journée sur les nanomatériaux le 2 Octobre 2017 à la faculté des sciences et technologies de Nancy.

Interview réalisée par Johannes Caliskan (Correspondant UniGR) et Romuald Gornet (stagiaire DRIE / UniGR).